mercredi 21 juin 2017

Las Vegas



Las Vegas...

Vous savez, cette ville américaine qui est un crime écologique absolu : plantée en plein désert, là où les températures grimpent à plus de 40° à l’ombre en été, là où il ne pleut presque jamais. Mais là où fleurissent les fontaines et les piscines, et où l’air conditionné tourne en permanence à plein régime. Imaginez le bilan carbone ! Et tout le reste…

Car Las Vegas, c’est une pompes à finances pour des investisseurs déjà très riches mais qui en veulent encore plus, c’est la ville du jeu et des machines à sous, l’empire du plumage des gogos venus du monde entier voir ce pseudo-mythe.

Bref une ville profondément malsaine, portant à leur paroxysme tous les mauvais côtés des États-Unis. Nous autres, les touristes et les étrangers, continuons malgré tout ça d’être fascinés par cette vitrine clinquante, avec ses salles de jeux et ses casinos

Bon, il y a tout de même un truc bien à Las Vegas, c’est qu’on y comprend tout de suite les mécanismes des addictions.

Ces rouages sont en général, cachés : ce qui nous pousse à de venir accro à des choses qui nous font un peu de bien au début puis beaucoup de mal à la fin, ce sont notre passé, nos souffrances, nos fragilités, les manipulations vicelardes de la publicité, de la société, etc. Et parfois, tout ça ne nous saute pas forcément aux yeux.

Mais à Las Vegas, tout est clair, car tout est réuni au même endroit et au même moment : 

les salles, toujours éclairées en lumière artificielle, où il n’y a jamais de fenêtres, pour faire perdre la notion du temps aux joueurs, 

les halls de salles de jeux, où il est toujours facile d’entrer (par exemple, on est  obligé de passer devant pour se rendre à sa chambre d’hôtel) et dont il est compliqué de sortir (puisque leur disposition est étudiée pour vous faire faire le plus de détours possibles et vous replonger dans la tentation d’un dernier jeu),

la nourriture et les boissons, très bon marché, pour donner l’impression que finalement, c’est une affaire d’être là. 

Et puis les machines à sous, qui font tout plein de bruits et de lumières quand quelqu’un gagne, et sont par contre très discrètes quand elles vous piquent votre argent ; ce qui fait qu’on a l’impression que les dollars déferlent toujours quelque part dans la salle.

Bref tout est là pour faire plonger les gens fragiles (et on voit plein de pauvres retraités passant là leurs journées) et pour exciter les pas fragiles (et puisqu’on ne peut pas les rendre accro durablement, leur piquer au moins quelques dizaines de dollars pendant leur séjour).

C’est drôle ces lieux totalement malfaisants, pour les humains et pour la nature, qu’on continue pourtant de mythifier et de nourrir de notre attention et de notre pognon, ces lieux bâtis par des gens malsains aux intentions malsaines. Nous devrions ne plus y aller, et comme pour tout ce qui nous scandalise, voter contre eux avec notre porte-monnaie.

Mais je n’ai de leçon à donner à personne, puisque j’y suis allé moi-même, comme beaucoup de voyageurs, pour voir. Par contre, si vous hésitez, je n’ai qu’un conseil : n’y allez pas, ne vous rendez pas complice, comme je l’ai fait, d’un crime contre le réchauffement planétaire.

Et vous, vous êtes déjà allé à Las Vegas, ou dans ce genre d'endroits ?

Illustration : Las Vegas.

PS : ce texte reprend ma chronique du 30 mai 2017, dans l'émission de mon ami Ali Rebehi, "Grand bien vous fasse", tous les jours de 10h à 11h sur France Inter.